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  • Photo du rédacteurMaïwenn

Médecine traditionnelle et agriculture de coca dans le Nord des Yungas, Bolivie

Dernière mise à jour : 19 avr. 2020

Mercredi 23 octobre 2019, Caranavi, Bolivie


Ce matin, je fais la rencontre de Lucy, une agricultrice dans la production de coca et d'agrumes. C'est dans l'espace aménagé par Don Cruz, assises sur des pierres avec Nelly, que nous faisons tranquillement connaissance, tout en dégustant des mandarines.


Pendant que Nelly va chercher de vieilles photos de famille, Lucy examine la centaine de piqûres de fourmis qui me masque les pieds. En effet, depuis que nous sommes chez la famille Choconapi-Chino, je collectionne les piqûres de fourmis et de minuscules mouches au dos rouge. Pour stopper les démangeaisons ou nettoyer des plaies de la peau, les boliviens utilisent le cocoroco, une boisson alcoolisée fabriquée à partir de canne à sucre, et titrant à partir de 90% d'alcool.


Le sujet de la médecine traditionnelle occupe une grande partie de la discussion. Pour soigner le mal de dos, Lucy m'explique qu'il est d'usage de combiner les principes actifs du cocoroco avec les vertus de certains animaux comme le boa. Chez les familles de cette partie de l'Amazonie, comme chez Lucy ou Nelly, il est commun d'avoir des pots dans lesquels des serpents macèrent dans de l'alcool.


 

Lucy m'emmène ensuite visiter son champ de coca. A travers les plantations de café et de bananiers, je l'observe avancer calmement, une machette à la main et un sac en tissu blanc sur le dos. De mon côté, j'ai le sentiment d'avoir le privilège d'accéder à un monde secret souvent associé au narcotrafic.


Peu à peu, je découvre un champ de petites plantes vertes éclairées par le soleil brûlant du début de l'après-midi. Il fait moins d'un hectare et Lucy y travaille tous les jours, parfois aidée de sa mère âgée de 72 ans.


Les plantes de coca font entre 30 cm et 1 mètres mais elles n'ont pas encore atteint leur pleine croissante. Les branches sont droites et les feuilles sont de couleurs vertes, parfois claires, minces et ovales. Le fruit de la coca a la forme d'une gousse rouge-orangée. En Bolivie, on distingue trois variétés de coca. Celle cultivée dans les Yungas porte le nom de coca Paceña.


Après avoir allumé la radio, nous commençons le désherbage autour des petits bois, semblable à de jeunes bois de vigne. Pour se protéger du soleil, elle me prête son chapeau et installe un parasol en toile de sac au-dessus de la partie où nous travaillons. Nous changeons de place pour se mettre à l'ombre d'un grand arbre où nous débutons la récolte de feuilles de coca. Lucy s'assit en tailleur et déplie le tissu qui lui sert de sac pour que l'on mette les feuilles de coca dedans. Je me positionne en face d'elle, et commence à imiter ses gestes. Elle les prend dans ses mains, les soulève, les fait glisser entre ses doigts. Nous récoltons les feuilles pendant une heure.


Pour finir, Lucy a prévu de faire sécher les feuilles récoltées au soleil, très tôt le lendemain matin pour ne pas qu'elles brûlent, et ensuite de revenir travailler sur sa parcelle...


Article :

-Fiche 64, La culture de la coca, une plante andine d'usage millénaire, Jean-Claude ROUX, 2008.




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