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  • Photo du rédacteurMaïwenn

Brésil : de Cobija à Assis Brazil

Du 9 au 13 décembre 2019, 3 jours de vélo et 125 km


"Contrairement à la Bolivie, le Brésil ne me parait pas complètement inconnu et pourtant, je n'y ai jamais mis les pieds. C'est sans doute parce que cela m'évoque des références et beaucoup de souvenirs" (extrait du carnet de voyage).



Le Brésil est le quatrième pays de mon voyage à vélo. Le passage sera bref, l'objectif est de rejoindre le Pérou en trois jours depuis Cobija jusqu'à Assis Brazil, en passant par la région d'Acre en Amazonie. Cela correspond environ à 125km de vélo ! Contrairement à la Bolivie, le Brésil ne me parait pas complètement inconnu et pourtant, je n'y ai jamais mis les pieds. C'est sans doute parce que cela m'évoque des références et beaucoup de souvenirs...


En 2013, lors de mon année Erasmus en Allemagne, un ami brésilien de Sao Paolo, passionné de bossa nova, me fait découvrir Carlos Jobim, Stan Getz et Joa Gilberto. Nous reprenons des airs à la guitare, et essayons de jouer la chanson "les eaux de mars" en portugais et en français. J'appréhende ensuite les territoires du Brésil à travers le livre de voyage de Michael Palin, Brazil. Je suis fascinée par sa manière de voyager. Il va directement chez les gens et vis un moment avec eux !




En 2015, j'assiste au départ de la transat Jacques Vabre au Havre. Le parcours des navigateurs relie le Havre à Salvador de Bahia. *4350 miles séparent théoriquement la France du Brésil. En plus d'une fascination pour la mer et son monde, je ressens une envie très forte de découvrir l'Amérique Latine, si bien que je la note sur une liste de choses à voir dans ma vie.




En 2016, je découvre le Forro et les danses brésiliennes au Studio des Rigoles à Paris. J'adore les rythmes de samba et la convivialité des brésiliens. Je rencontre aussi un français qui entretient un lien particulier avec le Brésil depuis son enfance. Il me fait rêvé à travers ses récits. Il est d'une humeur extrêmement chaleureuse et devient très rapidement un ami.




Passer une frontière, entamer un nouveau voyage...Est-ce qu'il y a un hasard à ce que je me retrouve sur cette partie de la terre ?


Pour l'heure, l'aventure commence. La voilà. La frontière brésilienne.



Jour 1

A la frontière terrestre, nous payons une amende de 784 bob (100 euros) pour les 16 jours supplémentaires passés en Bolivie. Ensuite, nous faisons plusieurs kilomètres au Brésil pour atteindre l’établissement de la police fédérale où nous obtenons le tampon pour entrer officiellement dans le pays.


Tout change presque d’un coup : de l’espagnol, nous passons à la langue portugaise, les petites tiendas sont remplacées par des supermarchés. On retrouve des gens à vélo et des pistes cyclables, et une diversité dans les visages et styles vestimentaires. Parmi tout cela, j’arrive à repérer une femme bolivienne, avec de longues tresses et une jupe traditionnelle. Je ressens une énergie et une dynamique très particulière, et surtout beaucoup de vie !


Au détour d'un rayon de supermarché, nous rencontrons deux jeunes argentins. Ils ont une vingtaine d’années et sont en voyage depuis six mois. Le courant passe tout de suite. Ils fabriquent des sauterelles et des fleurs avec des feuilles de palmiers pour se faire de l’argent. "Euh, vous pouvez m'apprendre la technique ?" Je m'y mets ! Pas si simple de tourner la tige de la feuille dans le bon sens mais je finis pas y arriver.

"Nous sommes passés à Cusco, vous devriez y aller, surtout pour l'Art". De l'art ? Nul doute que si la ville est sur notre route, nous irons...

On se quitte rapidement. La nuit est en train de tomber et on ne sait pas où dormir. On se sert dans les bras.


Nous décidons de sortir du centre ville pour pouvoir planter la tente quelque part, là où c'est plus calme. Pas de chance, rien ne nous parait convenable. La solution est d'aller sonner chez l'habitant et espérer pouvoir planter la tente dans le jardin. Nous rencontrons Luma, une jeune femme psychologue.


Elle nous propose d'entrer et d'attendre dans le jardin le retour de sa mère. On essaye de créer de la confiance et l'échange devient rapidement fluide. Lorsque que sa mère arrive, elle hésite un moment, se demande ce que nous faisons là, c'est bien normal mais Luma la rassure et lui dit que nous sommes simplement des voyageurs à la recherche d'un toit pour la nuit. Elle accepte finalement avec joie !

"Installez votre tente sous la porche et entrez, je vais vous préparer des crêpes de manioc au beurre, du café et un jus maison. Vous pouvez même prendre une douche si vous voulez". La soirée se passe très bien et je suis très marquée par la grande bienveillance de l'ensemble de la famille. Ils sont très attentifs. Que cela fait du bien après une journée de changement brutale.


Ce sont des moments forts du voyage. Les rencontres. Certaines apaisent et réconfortent, d'autres donnent de l'énergie.




Jour 2

Six heures du matin.

"Un peu de pain ? Un café ? Un jus ?" Luma et son beau-père s'activent en cuisine et nous préparent le petit-déjeuner. Je reste bouche bée. Ils sont plus que serviables !

Nous rencontrons leur voisin, un indien qui a fait ses études en Suisse. "Je suis pour que tout le monde par la même langue, cela permettrait de réduire les conflits entre les peuples".

Et il ajoute : "Vous croyez au destin ?"

Nous quittons cette adorable famille le coeur serré et nous roulons sans arrêt, l'esprit très positif, libre et propice à l'arrivée de nouvelles idées. Je crois que la bienveillance a des effets très positifs sur la santé et la manière de voir la vie.


Une piste plate. La route est neuve, ça se voit ! On pédale sous les regards en biais de nos amies Zébus Nélore. Des routiers nous offrent le repas. C’est excellent et ça change du riz-poulet bolivien. L'Amazonie brésilienne dans ses paysages ressemble à la Bolivie.


En milieu d'après-midi, nous demandons à dormir sous le toit d'un restaurant. Le responsable est en train de couper du bois. Il accepte tout de suite. Tu veux que je te coupe la barbe Kevin ? On a du temps. Quels changements observes tu ? On évoque le le confort de vie, la différence de niveaux de richesses, la diversité dans les choix alimentaires, la chaleur humaine. On s’aperçoit qu’on s’était habitué à la dureté de la vie bolivienne, et que retrouver du confort et de la facilité fait du bien au moral.





Jour 3

Cinq heures trente.

Le restaurant ouvre. Nous sommes réveillés par la musique. Cap vers la frontière péruvienne. On déjeune en face: "salgados", "Pão de queijo".


On prend la route. Il fait très chaud. Dans une petite côte, un bruit de klaxon me raccroche à la réalité. Une grosse Toyota nous fait des appels de phares et se gare sur le bord de la route. Il y a marqué en gros "www.exploringtheworld.nl". Un couple descend et nous aborde avec un peps d'enfer ! Il s'agit de Betty et Gérard. Une carte des pays qu'ils ont traversés est collée sur le capot avant. Aucun doute, nous devons partager nos aventures et écouter leurs expériences. "On se retrouve à Assis Brazil ce soir ?". Avec grand plaisir !


A Assis Brazil, Betty et Gérard nous attendent et ils ont installé leur Toyota près d'un parc et d'une église. Des enfants jouent au foot et nous, on déballe nos affaires.

On s'installe sur un des bancs de la place.

"Vous voulez du fromage et du vin ?" Euh, on avait arrêté d'y croire !


Ce couple vient de Utreicht en Hollande. Ils voyagent depuis 15 ans. 4 mois de voyage et une pause pour voir la famille, et rebelote, 4 mois de voyage, etc. On parle en anglais et en français, notre maîtrise du hollandais étant au plus bas !

- Que faisiez-vous avant? - Betty était psychologue et Gérard travaillait dans le nucléaire.

-"Le voyage nous permet de rester jeune et de vivre au présent. Nous ne savons pas ce que nous allons découvrir chaque jour. Le matin, nous parlons de l'itinéraire". C'est Gérard qui conduit et Betty qui donne la direction.

Nous continuerons à parler très tard dans la nuit et surtout à plaisanter! Le gérant de l'église nous proposera de poser la tente à l'intérieur, et d'utiliser la douche et les toilettes. Le lendemain, les au revoirs sont émouvants. Gérard me prend le visage entre ses mains en me disant : "Continue de voyager".


"É o pau, é a pedra, é o fim do caminho..."

"Un pas, une pierre, un chemin qui chemine..."

(Elis Regina, Aguas de março)



Tableau des étapes à vélo de Cobija à Assis Brazil







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